Soudan du Sud : le nombre de victimes en lien avec le conflit atteint un record depuis huit ans dans les hôpitaux soutenus par le CICR
Depuis le début de l’année, près de 1000 patients blessés par arme ont été pris en charge dans des hôpitaux soutenus par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) au Soudan du Sud, un record depuis 2018, qui souligne la vive résurgence des affrontements dans le pays et suscite de profondes inquiétudes.
L’escalade de la violence depuis le début de l’année a entraîné un afflux massif de victimes de blessures par balle, d’explosions ou d’autres armes. Les structures de santé, en particulier dans les zones reculées, sont soumises à une pression extrême, de nombreux patients arrivant au prix de longs efforts qui amenuisent considérablement leurs chances de survie.
« Nous étions huit, et je suis le seul à avoir survécu », se rappelle Paul Gabriel Renze, pris en charge à l’hôpital militaire soutenu par le CICR à Djouba. « Tous les autres ont été tués par balle, mais moi, j’ai survécu bien que j’aie été touché à trois reprises. Ils m’ont tiré dessus au niveau du ventre et des jambes. Au bout de trois jours, mes blessures commençaient à pourrir et des asticots se développaient. Les sept cadavres étaient eux aussi en décomposition. Heureusement, quelqu’un est passé par là, m’a vu et s’est empressé d’aller chercher de l’aide », ajoute-t-il.
Le CICR a évacué Paul du comté de Nagero vers Djouba, où il a subi plusieurs opérations et il est désormais en convalescence. Comme de nombreux patients au Soudan du Sud, il a dû attendre plusieurs jours avant de recevoir de premiers soins médicaux, ce qui a compliqué le travail des équipes chirurgicales.
Cette année a été particulièrement difficile pour l’équipe médicale. Chaque jour, les chirurgiens traitent des patients souffrant de graves blessures aux jambes, au bassin ou au thorax. Ces blessures nécessitent des soins intensifs et, parfois, plusieurs opérations.
« Nous avons un principe de base, qui est de sauver des vies. Sauver le membre. Mais dès que nous avons sauvé la vie et le membre d’un patient, nous élargissons notre perspective », explique Slobodan Miroslavljev, chirurgien du CICR dont l’équipe est intervenue cette année sur des centaines de patients à l’hôpital militaire de Djouba.
Pas loin de 400 patients ont pu bénéficier de soins chirurgicaux cette année parce que le CICR a été en mesure de les transférer par voie aérienne depuis des zones reculées jusqu’à des hôpitaux.
Au cours des huit dernières années, les équipes chirurgicales du CICR ont réalisé plus de 25 000 opérations sur environ 5000 personnes blessées par arme. Pour la plupart des patients, la chirurgie n’est qu’une étape dans un parcours de rétablissement long et difficile.
En 2025, plus de 3700 personnes ont reçu des soins de réadaptation physique au sein de centres soutenus par le CICR à Djouba, Wau et Rumbek. C’est nettement plus que les 3300 patients de 2024, et le record des dix dernières années. Ces centres fournissent des prothèses, des béquilles, des fauteuils roulants et des séances de physiothérapie pour aider les patients à retrouver leur mobilité et leur indépendance.
Selon Oluwafifunmi Odunowo, responsable de la réadaptation physique pour le CICR au Soudan du Sud, l’augmentation est due à de multiples facteurs, notamment les retombées du conflit au Soudan voisin : « Nous avons constaté une augmentation du nombre de personnes en provenance du Soudan. Ce sont soit des réfugiés, soit des Sud-Soudanais de retour du Soudan qui viennent ici pour avoir accès à des services de réadaptation physique. Globalement, on observe cette année une hausse de 40% par rapport à l’année dernière. »
Les effets combinés des conflits au Soudan du Sud et au Soudan, des violences intercommunautaires et des graves inondations qui ont ponctué toute cette année ont dévasté des communautés entières et exacerbé l’une des crises humanitaires les plus prolongées au monde.
Durée : 8:56
Lieu : Juba, Soudan du Sud
Date de tournage : 12 novembre 2025
Droit d'auteur : Accès complet CICR
Crédit à l'écran : CICR écrit ou logo.
00:00 - 00:16 Plans larges d'un médecin consultant des patients à l'Hôpital Militaire de Juba.
00:17 - 00:45 Plans moyens d'un médecin consultant des patients à l'Hôpital Militaire de Juba.
00:46 - 01:06 Divers plans extérieurs des patients à l'Hôpital Militaire de Juba.
01:07 - 01:25 Divers plans d'un patient, Paul Gabriel Renze, à l'Hôpital Militaire de Juba.
INTERVENTION Paul Gabriel Renze, Patient – Hôpital Militaire de Juba
01:26 - 01:31 "Nous avons été ligotés et emmenés dans la brousse et à chacun il a été dit de se coucher au sol. Nous étions huit personnes et parmi les huit, j'étais le seul survivant."
01:35 - 01:41 "Les autres ont tous été abattus alors que j'ai survécu après avoir été touché trois fois."
01:42 – 01:46 "Ils m'ont tiré dans la taille et les deux jambes."
01:47 – 01:53 "Après trois jours, mes blessures pourrissaient et des asticots se développaient."
01:54 – 02:08 "Les sept corps pourrissaient également. Heureusement, quelqu'un est passé par là et m'a vu et s'est immédiatement empressé d'informer les autres à mon sujet."
02:09 – 02:14 "Je n'arrivais pas à croire que j'étais vivant car j'étais seul sans aucun proche."
02:15 – 02:33 "Mais merci beaucoup à cet hôpital, quand j'ai été amené ici, le personnel de l'hôpital a soigné mes blessures et a pris soin de moi."
02:34 - 03:00 Divers plans de patientes à l'Hôpital Militaire de Juba.
03:01 - 03:13 Divers plans d'une infirmière s'occupant d'un patient à l'Hôpital Militaire de Juba.
INTERVENTION Aluel Malong, Patient – Hôpital Militaire de Juba
03:14 - 03:25 "J'ai été touché et ensuite j'ai été transféré à l'hôpital, j'étais dans un très mauvais état."
03:26 – 03:34 "J'ai été amené à la ville de Yirol où un médecin a tenté de s'occuper de mon cas mais c'était trop compliqué."
03:35 – 03:43 "Un avion a été envoyé pour me chercher et m'amener à cet hôpital. J'ai reçu des soins ici et mon corps va mieux."
03:44 - 04:03 Divers plans d'un patient, Aluel Malong, à l'Hôpital Militaire de Juba.
04:04 - 04:45 Divers plans d'un chirurgien et de son équipe opérant un patient dans la salle d'opération à l'Hôpital Militaire de Juba.
INTERVENTION Slobodan Miroslavljev, Chirurgien CICR
04:46 - 05:02 "Au quotidien, nous recevons des patients difficiles avec des polytraumatismes, des jambes détruites, le bassin ou la poitrine, et pratiquement, aucun d'entre eux n'est un patient simple que vous pouvez simplement venir traiter facilement et libérer rapidement."
05:03 – 05:22 "Certains reviennent plusieurs fois au bloc opératoire, et vous vous attachez à eux pour essayer d'obtenir le meilleur résultat, et d'une certaine manière vous vous impliquez dans leur rétablissement jusqu'à ce qu'ils soient pleinement fonctionnels ou que vous obteniez le maximum à ce stade."
05:23 – 05:42 "Le principe de base est de sauver la vie et de sauver le membre. Mais dès que la vie et le membre ont été sauvés, nous élargissons notre perspective, et ensuite vient la physiothérapie et la partie PRP[2], qui peut prendre beaucoup de temps et qui peut être très exigeante."
05:43 – 05:52 "Mais nous gardons notre patient dans la boucle aussi longtemps qu'il a besoin de physiothérapie, de PRP, et qu'il est pleinement fonctionnel pour cette capacité actuelle."
05:53 - 06:30 Divers plans du chirurgien CICR s'occupant d'un patient dans la salle de réveil de la salle d'opération à l'Hôpital Militaire de Juba.
06:31 - 07:15 Divers plans de patients au Centre de Réadaptation Physique à Juba.
INTERVENTION Oluwafifunmi Odunowo, Responsable du Programme de Réadaptation Physique du CICR
07:16 - 07:26 "Globalement, cette année, nous avons constaté une augmentation de 40 % du nombre d'usagers des services qui ont été servis dans les trois centres."
07:27 – 07:43 "L'augmentation est liée d'abord au nombre de sorties que nous avons réalisées, car ensuite nous avons amené les services hors des centres vers les communautés où il y a un besoin. En plus de cela, nous avons vu plus d'usagers des services venir dans les centres."
07:44 – 07:58 "C'est donc une combinaison des sorties et des entrées où les usagers des services viennent accéder aux services. Un petit composant de cela est également l'afflux de Soudanais et de Sud-Soudanais revenant du Soudan à cause du conflit au Soudan."
07:59 – 08:09 "Cela a également impacté notre programme. Nous avons vu une croissance du nombre de personnes venant du Soudan, que ce soit des réfugiés ou des rapatriés du Soudan venant accéder aux services de réadaptation physique."
08:10 – 08:27 "Globalement, cette année par rapport à l'année dernière, oui, j'ai dit qu'il y avait environ 40 % d'augmentation. Donc à la fin du mois d'octobre, cette année, nous avions atteint 3 700 usagers des services. Le total pour l'année dernière était de 3 300."
08:28 - 08:56 Divers plans de patients participant à une session de formation au Centre de Réadaptation Physique à Juba.
Fin
[1] Salle d'opération
[2] Programme de Réadaptation Physique
Pour plus d'informations, veuillez contacter :
Germain Mwehu, CICR Juba, tél: +211 912 360 023, gemwehu@icrc.org
Mateo Jaramillo, CICR Nairobi, tél: +254 716 897 265, mjaramillo@icrc.org